RÉDUIRE LA SOUFFRANCE DES ANIMAUX LORS DE L'ABATTAGE.

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Près de 1 500 personnes selon la préfecture, 3 000 selon les organisateurs, et un message unique sur les banderoles et les tee-shirts : "Nos voix pour les animaux." Organisée à Nîmes, samedi 24 mars, par sept associations, la Marche des animaux avait pour objet d'interpeller les candidats à l'élection présidentielle sur la souffrance animale. Parmi leurs revendications : la gestion des dérives de l'abattage sans étourdissement, dont la pratique excède largement la demande des consommateurs de viande halal ou casher.

"Depuis 1964, l'étourdissement préalable des animaux est obligatoire en France afin d'éviter la souffrance lors de l'abattage. Une dérogation permet toutefois d'abattre les animaux en pleine conscience, sans insensibilisation, dans le cadre strict de l'abattage rituel.
Or, sous couvert de cette dérogation, de nombreux abattoirs français ont généralisé cette pratique en dehors de tout cadre religieux", rappelle le manifeste publié par ces associations.
Logique économique oblige, de nombreux industriels renoncent en effet à s'équiper de deux chaînes d'abattage, et mettent dans le circuit classique, en l'absence de toute traçabilité, d'importantes quantités de viande issue de l'abattage rituel.

"Alors que la demande en viande halal ou casher devrait correspondre à environ 10 % des abattages totaux, on estime que le volume d'abattage rituel atteint 40 % des abattages totaux pour les bovins et près de 60 % pour les ovins. Ce qui ne devait être qu'une dérogation s'est généralisé", confirme le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux dans un rapport datant de novembre 2011.

Un constat toutefois démenti par son propre ministre de tutelle, Bruno Le Maire, pour qui seuls 14 % des bovins et ovins en tonnage, et 26 % en nombre d'animaux, sont abattus sans étourdissement.

"MAUVAISES MANIPULATIONS"

Au-delà des chiffres, la vraie question que pose cette dérive en termes de protection animale est la suivante : les souffrances des bêtes tuées sans étourdissement sont-elles plus importantes que dans les abattages conventionnels, comme le soutiennent les associations ? Globalement oui, répondent les scientifiques. Mais avec des nuances.

Effectué par électronarcose, au moyen d'une tige perforante provoquant des lésions mécaniques du crâne et du cerveau, ou par recours au gaz (technique peu usitée en France), l'étourdissement a pour but de faire perdre conscience à l'animal avant la saignée fatale.

D'après plusieurs études européennes, la tige perforante et l'électronarcose provoquent une perte de conscience immédiate lorsqu'elles sont bien utilisées. Ce qui n'est pas toujours le cas.

"Un des inconvénients majeurs de l'électronarcose, surtout quand elle est automatisée, est lié aux mauvaises manipulations, aux difficultés de positionnement des électrodes et à leur paramétrage. Incorrectement employées, elles peuvent stimuler des récepteurs de la douleur sans induire l'inconscience", soulignait Pierre Le Neindre, chercheur à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), dans un rapport sur les douleurs animales réalisé en 2009.

De même avec la tige perforante, pour laquelle les taux d'échec, et donc les risques de douleur, vont "de 6% à 16% chez les bovins dans les abattoirs commerciaux".

Dans le cas d'une saignée sans étourdissement, c'est la perte de sang qui induit l'inconscience, puis la mort. En combien de temps ? C'est là tout le problème. "Les études sur les ovins saignés directement montrent des résultats assez constants : 14 secondes en moyenne jusqu'à la perte de conscience. Chez la volaille, les résultats sont plus variables, entre 14 et 44 secondes", indique Claudia Terlouw, éthologue à l'INRA de Clermont-Ferrand.

DE LONGUES MINUTES D'AGONIE

C'est chez les bovins que la perte de conscience tarde parfois le plus : entre 17 secondes et 5 minutes chez les veaux, entre 19 secondes et 11 minutes chez les bovins adultes. Une variabilité qui s'explique, précise Mme Terlouw, parun double phénomène.

"D'une part, cette espèce dispose d'une artère vertébrale, qui n'est pas coupée lors de l'égorgement. D'autre part, certains bovins développent des caillots au niveau des extrémités des carotides coupées, qui limitent le flux de sang vers l'extérieur. Dans ces cas-là, l'artère vertébrale peut prendre le relais et continuer à irriguer le cerveau", détaille-t-elle. D'où l'idée, défendue notamment par l'association Œuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA), de pratiquer systématiquement, pour cette espèce, un étourdissement "post-jugulation".

"Dans ce cas, l'animal est conscient –comme l'exige le rituel– lorsqu'il reçoit du sacrificateur le geste de l'égorgement, et c'est un autre opérateur qui lui donne, quelques secondes après, le coup de pistolet à tige perforante", précise le docteur vétérinaire Jean-Pierre Kieffer, président de l'OABA.

L'idée, semble-t-il, fait son chemin dans la communauté musulmane. Le producteur de viande Charal, dans son installation de Metz réservée à l'abattage rituel, pratique ainsi systématiquement l'étourdissement après l'égorgement. Sans pour autant avoir perdu sa clientèle halal.

Reste que la souffrance, durant la période de l'abattage, commence largement avant celle de la mise à mort. Elle débute avec le transport des animaux vers l'abattoir, se poursuit durant les longues heures d'attente qui précèdent leur exécution. Autant d'étapes durant lesquelles les interventions humaines, la qualité des équipements et la promiscuité avec les autres animaux peuvent occasionner des douleurs.

Citant l'enquête qu'elle a récemment menée dans un abattoir commercial, Mme Terlouw raconte ainsi comment l'opérateur, afin de respecter les cadences dans l'un des couloirs de l'abattoir, utilisait "de manière intensive l'aiguillon électrique" sur l'arrière des bovins pour les faire avancer.

Si l'on veut réellement tenir compte de la souffrance des animaux d'élevage, c'est toute la conception de leur fin de vie qu'il faudra repenser.

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